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“L’Asie sans réserve” à Nice

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© Musée départemental des arts asiatiques de Nice

Après le succès de l’exposition Hokusai, le Musée départemental des arts asiatiques de Nice présente un nouveau projet ambitieux. Il s'agit de faire découvrir les œuvres asiatiques rarement présentées pour plusieurs raisons : trop fragiles pour être exposées, éloignées de la thématique du musée, ou encore incomprises en raison de leur provenance.

Projet au long cours, L’Asie sans réserve sera présentée en plusieurs « volumes ».

Ce volume n°1 constitue une immersion dans les réserves du musée pour montrer l’envers du décor et répondre à une question souvent posée par les visiteurs : qu’avez-vous dans vos réserves ? C’est aussi l’occasion de partager avec le plus grand nombre les premières découvertes réalisées en sollicitant des institutions importantes du territoire, et de démontrer que l’art asiatique est présent dans des lieux auxquels on ne s’attend pas.

 

Entretien avec Adrien Bossard, commissaire de l’exposition, directeur du Musée départemental des arts asiatiques de Nice et de l’espace culturel Lympia.

Pourriez-vous décrire votre rôle en tant que directeur du musée départemental des arts asiatiques à Nice? Comment prépare-t-on une telle exposition ?

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L’Asie sans réserve, c’est une réponse à une question que l’on nous pose presque tous les jours au musée : qu’avez-vous dans les réserves ? Dans l’opinion commune, on y cache des trésors alors qu’en réalité, les musées exposent au maximum leurs chefs-d’œuvre pour se montrer le plus attractif possible. Néanmoins, les réserves relèvent effectivement des œuvres extraordinaires que les équipes de conservation retirent des espaces d’exposition en raison de leur fragilité. Les textiles et les arts graphiques ne s’exposent que trois à quatre mois d’affilée à 50 lux et sont ensuite mises au repos pendant trois à quatre ans. Ces œuvres ne se régénèrent pas, bien sûr, mais cette règle permet de les faire durer le plus longtemps possible. Les réserves du musée départemental des arts asiatiques ont donc été le point de départ de ce projet, qui a d’autant plus de sens cette année en raison du 25ème anniversaire de l’institution. Et par extension, mon intérêt s’est porté sur les œuvres asiatiques conservées dans les réserves d’autres musées du territoire des Alpes-Maritimes pour montrer que l’histoire du patrimoine local comprend également une part d’Asie, dans des lieux auxquels on ne s’y attend pas. Sept institutions, dont l’université Côte d’Azur, le musée Matisse ou encore le château de la Napoule, ont participé à ce projet.  

 

Les objectifs de cette exposition sont nombreux : partager les enjeux de la conservation dans un musée, montrer qu’une collection vit grâce aux acquisitions, suivre les évolutions sur 25 ans de la collection du musée départemental des arts asiatiques, faire du musée un acteur de la valorisation des arts asiatiques dans le sud de la France, aider les musées partenaires à identifier leurs œuvres asiatiques, lancer une baisse du bilan carbone de la programmation d’expositions du musée (90% de la scénographie est récupérée). Cette exposition est riche en enjeux et constitue le premier volume d’une série d’expositions qui vont explorer les collections asiatiques présentes sur le territoire.

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© Musée départemental des arts asiatiques de Nice

Pour commencer, pourriez-vous décrire votre parcours ? Pourquoi cette spécialisation dans les arts asiatiques ?

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J’ai fait des études en histoire de l’art et archéologie à l’université Paris Sorbonne, en chinois à l’INALCO, en histoire à l’EHESS. Après une première année de thèse en anthropologie à l’EHESS, j’ai été accepté dans la prépa Talents de l’Institut National du Patrimoine (INP) et j’ai été, dans la foulée, lauréat du concours du patrimoine, ce qui m’a permis d’intégrer l’INP et de bénéficier de 18 mois de formation. J’ai par la suite dirigé le musée archéologique de l’Oise, puis j’ai été responsable de collection au musée national des arts asiatiques – Guimet. Il y a 4 ans, j’ai rejoint les équipes du Département des Alpes-Maritimes et on m’a confié la direction du musée départemental des arts asiatiques et de l’espace culturel départemental Lympia à Nice. Le musée est l’institution où j’exploite les connaissances accumulées sur les arts asiatiques au cours de mon parcours, l’espace Lympia est un lieu où je mets en pratique mon savoir-faire dans l’organisation d’expositions.

J’ai effectivement une forte spécialisation dans les arts asiatiques qui provient d’une curiosité sur mes propres origines puisque ma mère est chinoise de Singapour. Le double parcours dans l’art et dans les langues m’a finalement orienté vers le monde des musées, sans que cela soit vraiment calculé, car au départ - et c’est la raison pour laquelle je suis venu en Métropole (j’ai grandi en Nouvelle-Calédonie) - je voulais simplement être archéologue.

Comment est né le projet L’Asie sans réserve ? Quel est votre objectif avec cette exposition ?

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L’Asie sans réserve, c’est une réponse à une question que l’on nous pose presque tous les jours au musée : qu’avez-vous dans les réserves ? Dans l’opinion commune, on y cache des trésors alors qu’en réalité, les musées exposent au maximum leurs chefs-d’œuvre pour se montrer le plus attractif possible. Néanmoins, les réserves relèvent effectivement des œuvres extraordinaires que les équipes de conservation retirent des espaces d’exposition en raison de leur fragilité. Les textiles et les arts graphiques ne s’exposent que trois à quatre mois d’affilée à 50 lux et sont ensuite mises au repos pendant trois à quatre ans. Ces œuvres ne se régénèrent pas, bien sûr, mais cette règle permet de les faire durer le plus longtemps possible. Les réserves du musée départemental des arts asiatiques ont donc été le point de départ de ce projet, qui a d’autant plus de sens cette année en raison du 25ème anniversaire de l’institution. Et par extension, mon intérêt s’est porté sur les œuvres asiatiques conservées dans les réserves d’autres musées du territoire des Alpes-Maritimes pour montrer que l’histoire du patrimoine local comprend également une part d’Asie, dans des lieux auxquels on ne s’y attend pas. Sept institutions, dont l’université Côte d’Azur, le musée Matisse ou encore le château de la Napoule, ont participé à ce projet.  

 

Les objectifs de cette exposition sont nombreux : partager les enjeux de la conservation dans un musée, montrer qu’une collection vit grâce aux acquisitions, suivre les évolutions sur 25 ans de la collection du musée départemental des arts asiatiques, faire du musée un acteur de la valorisation des arts asiatiques dans le sud de la France, aider les musées partenaires à identifier leurs œuvres asiatiques, lancer une baisse du bilan carbone de la programmation d’expositions du musée (90% de la scénographie est récupérée). Cette exposition est riche en enjeux et constitue le premier volume d’une série d’expositions qui vont explorer les collections asiatiques présentes sur le territoire.

Pourriez-vous décrire votre rôle en tant que directeur du musée départemental des arts asiatiques à Nice? Comment prépare-t-on une telle exposition ?

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Un directeur de musée n’est rien sans son équipe et j’ai la chance de travailler avec des agents compétents et motivés qui accompagnent depuis 4 ans un développement tous azimuts de l’institution que nous avons la chance de servir. J’apporte au quotidien une expertise sur les arts asiatiques mais l’essentiel du travail est administratif, budgétaire et managérial. Les expositions sont bien entendu la vitrine du musée mais diriger un musée c’est aller bien au-delà de cela : entretenir, réparer, anticiper, restocker, compléter, etc. Si le succès récent de l’exposition Hokusai – Voyage au pied du mont Fuji a été marquant pour l’établissement, je suis aussi fier de l’installation d’un tourniquet permettant de faire passer des poussettes, la mise en place d’arceaux pour garer les vélo afin d’obtenir un label de cyclotourisme, le passage en LED de l’éclairage du musée pour réduire la consommation énergétique, etc.

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(3) Adrien Bossard présentant une oeuvre.jpg

©F.Kazemi

Étant donné que les deux tiers des œuvres exposées dans L’Asie sans réserve provenaient des réserves du musée, j’ai donné comme challenge à la régie des collections de réaliser l’exposition avec du matériel récupéré des expositions précédentes à partir d’un parcours et de plans que j’ai réalisés. L’équipe a restauré du mobilier, réutilisé des cadres, réalisé le soclage des œuvres, etc. Et comme j’aime bien compliquer leur travail et le mien, j’ai contacté des collègues travaillant dans des institutions où je connaissais  ou suspectait la présence d’art asiatique. Les collègues ont vraiment été géniaux et ont répondu présents pour soutenir l’initiative. Je leur en suis d’ailleurs reconnaissant, ils ont rendu les choses faciles. Il a ensuite fallu effectuer les nombreuses démarches administratives, concevoir et rédiger le contenu, décliner ce contenu pour les différents supports, travailler avec une collègue sur l’identité graphique, effectuer les commandes, etc. Bref, faire l’exposition. Mon équipe et moi-même commençons à maîtriser le sujet étant donné que nous avons fait plus de 20 expositions en quatre ans. Chaque projet a ses spécificités mais la mécanique reste la même.

L’œuvre phare de l’exposition ?

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Il y en a bien sûr plusieurs, c’est impossible pour moi d’en choisir une seule ! 


L’œuvre de Jayashree Chakravarty qui s’intitule Growing Creeper, donnée en 2016 par l’artiste indienne en remerciement de sa première exposition en France, en réserve depuis 7 ans, est vraiment forte visuellement et montre aussi la relation particulière qui existe entre le musée et la création contemporaine asiatique depuis son ouverture.

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Acheté chez Gregg Baker en décembre dernier, le paravent japonais à motifs de grues, de tortues minogame et de pin, daté du XVIIe siècle, est par ailleurs assez emblématique de la politique d’acquisition ambitieuse du musée depuis 3 ans.

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Paravent à motifs de grues et de tortues minogame parmi les pins, Japon,

XVIIe siècle, encre et couleurs sur feuille d’or / © : Gregg Baker Asian Art

Le costume de théâtre Nô, daté de la fin du XVIIIe siècle, dont un détail figure sur l’affiche de l’exposition, est d’une fraîcheur et d’une modernité incroyable.

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Côté partenaires, le coussin en céramique prenant la forme d’un enfant prêté par le musée Matisse est assez atypique, il a en plus un lien très fort avec Henri Matisse qui l’a acheté en 1919 et l’adorait.

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Growing Creeper, Jayashree Chakravarty /

© départemental des arts asiatiques de Nice

Costume de théâtre Nô / © Image art

Votre dernier coup de cœur artistique ?

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L’univers artistique de Li Chevalier et les shanshui numériques de Yang Yongliang, sans hésitation. J’ai eu la chance de pouvoir exposer des œuvres de ces artistes dans une exposition intitulée Les paysages de l’âme qui a eu lieu au musée départemental des arts asiatiques de novembre 2021 à février 2022.

 

Votre musée favori (ou galerie, institution culturelle, nationale ou internationale…) ?

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En dehors du musée départemental des arts asiatiques qui est un véritable bijou muséal conçu par Kenzo Tange, premier prix Pritzker japonais, trois institutions me viennent en tête : le Louvre-Lens pour la Galerie du temps, le musée départemental de Préhistoire d’Île-de-France (Nemours) pour la vision de son architecte, Roland Simounet, et la galerie Chave (Vence) pour son histoire et son goût hors normes.

 

Une œuvre d’art et/ou un ouvrage qui vous inspire particulièrement ?

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Joseph Kessel ou Sur la piste du lion, la biographie de Joseph Kessel par Yves Courrière. Un livre qui a marqué mon enfance.

Plutôt qu’une œuvre d’art qui m’inspire, la bibliothèque du musée national des arts asiatiques - Guimet. Un lieu où j’ai grandi intellectuellement.

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Pourrions-nous en savoir plus sur vos projets ? Quel sujet rêveriez vous de traiter pour une prochaine exposition?

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Les projets sur lesquels je travaille en ce moment avec leurs commissaires sont la prochaine exposition du musée départemental des arts asiatiques : Tatouages du monde flottant, le corps imagé au Japon (juillet-décembre 2023) et celle de l’espace culturel départemental Lympia : Vasarely, d’un art programmatique au numérique (juin-octobre 2023).

J’aimerais un jour faire une exposition John Cage et l’Asie et je rêverais de travailler avec Fabienne Verdier.

 

Pour en savoir plus :

Communiqué de presse de l’exposition :  ICI

Musée départemental des arts asiatiques de Nice : Découvrir

Joseph Kessel ou Sur la piste du lion, Yves Courrière : Découvrir

Le Louvre-Lens : Découvrir

Musée départemental d’Ile-de-France : Découvrir

La galerie Chave : Découvrir

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