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Camille Schmitt,
restauratrice d’oeuvres d’art d’Extrême-Orient

Depuis 2002, l’atelier Camille Schmitt est spécialisé dans la conservation et la restauration des œuvres d’art d’Extrême-Orient (Chine, Japon, Corée, Viêt Nam) : peintures et calligraphies réalisées sur soie ou papier : rouleaux, albums, paravents, estampages, estampes, éventails, broderies, tapisseries (kösi ou kesi).

L’atelier est au service des particuliers, des institutions publiques et privées.

Camille Schmitt, retouche en cours sur une oeuvre impériale de la Cour des Qing, encre et couleurs sur soie, Musée de Heidelberg © Camille Schmitt, 2023

Focus sur le parcours de Camille Schmitt, que nous aurons le plaisir de retrouver lors de cette nouvelle édition du Printemps Asiatique. 

A l'occasion d’une visite guidée du Musée Cernuschi menée sous son expertise et celle de M. Maël Bellec (conservateur, responsable des collections chinoises et coréennes du musée), les œuvres seront mises en lumière par ces deux regards complémentaires.

Pour commencer, pourriez-vous décrire votre parcours ? Pourquoi cette spécialisation dans les arts asiatiques ?

Je me suis intéressée à l'Asie quand j'ai commencé à étudier la langue chinoise par correspondance à l'âge de 15 ans. Après une formation en langues et civilisations chinoises à l'INALCO, j'ai obtenu un doctorat en histoire de l'art à la Sorbonne sur la conservation des peintures chinoises au XVIIe siècle (publié sous le titre "Médecine de l'art"). Ma vocation de restauratrice a surgi lors d'un stage chez Claire Illouz (à présent retraitée, qui a restauré nombre d'oeuvres chinoises et japonaises en France), et a été confirmée lors d'un stage chez Hung Sun-Hsin, actuellement restaurateur au musée du Palais de Taipei. 

En parallèle, je me suis formée dans la pratique du montage et de la restauration des œuvres chinoises sur soie et papier pendant un an dans l'atelier de M. Cen Delin (Taiwan, 1999) et pendant un an dans le département de restauration des œuvres d'art graphique et pictural au musée du Palais (Pékin, 2000). 

J'ai constaté l'état de souffrance des œuvres chinoises dans les collections privées et publiques en Europe, en particulier en raison d'un manque de savoir-faire.

Pouvez-vous décrire votre métier de restauratrice d’œuvres d'art ?

Le métier de restauratrice d'œuvres d'art permet de voir le plus intime de l'œuvre : ses dommages, les raisons de ces fragilités, et aider à sa longévité. C'est un privilège que d'accompagner les œuvres grâce à ce travail de "médecin de l'art".  Les matériaux (soie et papier) et l'enroulement des œuvres d'Extrême-Orient sont très spécifiques à cette zone géographique et nécessitent une expérience sur le terrain, et une longue pratique. 

Travailler sur ces œuvres nécessite une connaissance culturelle qui réside dans un important investissement dans la compréhension esthétique, l'histoire de l'art et plus globalement les enjeux culturels. L'essentiel du métier consiste à consolider les œuvres, mais également à leur faire retrouver leur lisibilité et beauté originelles, mais souvent cela consiste avant tout à dé-restaurer : à ôter les marques d'anciennes restaurations inadaptées.

Une œuvre en particulier vous a-t-elle marquée durant votre carrière ?

J'ai eu la chance de restaurer une œuvre très endommagée, monumentale (2m sur 7m), sur soie, conservée au musée Cernuschi : L'Académie Hanlin. C'est une œuvre importante de Cour du XVIIe siècle dont tout le monde avait perdu la trace. Sa restauration a duré plusieurs années et l'œuvre a pu être exposée en 2009 ; ça a été un vrai challenge, en raison de la grande dimension, et de l'état déplorable dans lequel les années l'avaient conduite. 

Découvrir l’oeuvre : L'Académie Hanlin 

Depuis j'ai eu l'opportunité de restaurer plusieurs œuvres de la Cour des Qing, qui m'ont permis d'acquérir une certaine expertise dans le domaine. Si j'ai eu l'occasion de travailler sur des œuvres très anciennes (Xe siècle), j'ai aussi monté des œuvres d'artistes contemporains, également très émouvantes.

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Nguyễn Đức Chân, Fête de la licorne (peinture vietnamienne, 19e s.), Paris, collection particulière © Camille Schmitt, 2015

Votre dernier coup de cœur artistique ?

Le travail de Danièle Schiffmann, artiste strasbourgeoise qui travaille sur papier asiatique, dont j'ai eu l'occasion de monter les œuvres en rouleau lors d'une exposition à Taiwan en 2018.

Votre musée favori ?

Danièle Schiffmann monotype

J'ai un lien privilégié avec les musées Guimet et Cernuschi. J'ai une grande familiarité avec les œuvres présentées dans la dernière exposition du musée Cernuschi ( Encre en mouvement ), et la prochaine exposition du musée national des arts asiatiques - Guimet (Médecines d'Asie) contiendra également des œuvres restaurées par mon atelier.

Le livre qui vous inspire ?

Je consulte régulièrement l'ouvrage de Nathalie Monnet, l'Empire du trait, qui est une recherche approfondie sur les œuvres chinoises incluant tous les arts graphiques, des calligraphies aux estampages.

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