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Aude Louis Carvès et
Rébecca Sack, fondatrices de la Galerie Louis & Sack

Fondée en 2020 par Rébecca Sack et Aude Louis Carvès, la Galerie Louis & Sack que vous retrouverez lors de la prochaine édition du Printemps Asiatique est située Cour de Rohan, au cœur du 6ème arrondissement de Paris.

La galerie est spécialisée dans la peinture japonaise de la Nouvelle École de Paris, ainsi que la création contemporaine coréenne peinture et céramique.

Rébecca Sack et Aude Louis Carvès ont bien voulu se prêter au jeu de l’interview pour le Printemps Asiatique. C’est l’occasion d’en découvrir plus sur leur parcours et leur galerie.

Aude Louis Carvès et Rébecca Sack.

© Photo Camille Collin, 2021

Akashi Murakami (b.1971),

Wind Wave, 2022,

Grès blanc, engobe porcelaine

Dimensions : 21,5 x 36 x 30,5 cm

Pourriez-vous décrire vos parcours respectifs ? Qu’est-ce qui vous a amené vers l’art d’Extrême-Orient ?

Aude Louis Carvès : J’ai un parcours dans l’art asiatique qui remonte à une quinzaine d’années, tourné autour des maisons de vente aux enchères. La première a été la maison Aguttes à Neuilly-sur-Seine, dans laquelle j’ai créé le département des arts asiatiques, en pleine période où l’art chinois explosait. L’appétit des collectionneurs chinois pour acheter des objets en provenance de l’Europe, issus de vieilles collections, était incroyable. Il y avait beaucoup d’objets à cette époque-là, beaucoup de très belles découvertes et des ventes records ! J’ai passé 9 ans dans cette maison avant de rejoindre la maison de vente internationale Bonhams, où j’ai intégré les équipes du département d’art chinois entre Londres et Paris pendant 5 ans. 

Je suivais de près le marché de la peinture Japonaise après-guerre, au fil des ventes et à travers le monde, avec une idée dans la tête, qui s’est concrétisée en rencontrant mon associée Rébecca !

La création de la galerie est donc une continuité, l’art asiatique toujours, mais moderne et contemporain. 

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Rébecca Sack : J’ai suivi un chemin différent, mais complémentaire. En effet, après plusieurs années passées en Chine, à Pékin, j’ai passé une dizaine d’années à travailler en galerie à Paris. 

Ma passion pour la Chine est née il y a plus de 20 ans. J’ai fait des études de chinois et développé très tôt une passion pour cette culture : l’histoire, l’écriture, la peinture et tout ce qui à trait à l’Asie en général.

J’ai été directrice de la galerie Jacques Barrère, spécialisée dans la statuaire bouddhique d’Extrême-Orient pendant 8 ans. C'est dans cette institution que j’ai appris mon métier. En parallèle, j’ai commencé à m’intéresser et à collectionner la peinture japonaise après-guerre.  

La création de la galerie Louis & Sack est effectivement une continuité. Le projet est né d’une rencontre, d’une passion commune pour la peinture japonaise de la Nouvelle Ecole de Paris, d’une volonté de montrer ce qu’on aimait, ce qu’on voyait dans ces peintres. On s’est toutes les deux passionnées pour ce sujet relativement inexploité. Ce sont des artistes qui ont été soutenus dans les années 50 lorsqu’ils sont venus s’installer à Paris et qui ont été par la suite un peu oubliés. Il y a un énorme travail de recherche pour remettre en lumière l’apport de ces peintres au mouvement de l’abstraction.


A: On s’est réuni sur ce projet parce qu’on avait un œil et un goût très similaire. En parallèle, on avait très envie également de se confronter à la scène contemporaine coréenne qui est extrêmement intéressante et dans l’air du temps.

Le point commun de ces deux axes c’est Paris. En effet, tous nos artistes ont travaillé et expérimenté leur art en France. C’est la création autour des ateliers, des académies libres et des grandes galeries qui ont fait de Paris une place particulièrement importante dans les années 50, et de nouveau particulièrement aujourd’hui. Paris redevient la capitale des arts, on est au cœur de cette énergie.

Le Printemps Asiatique est justement l’occasion de mettre en valeur le dynamisme du monde de l’art asiatique parisien. Rébecca Sack, vous qui avait participé à la création de cet événement, pourriez-vous nous en parler ? A quelle ambition répond-il ?

R: L’idée en créant le Printemps Asiatique était de suivre le modèle existant des Asia Week de Londres et New York, évènements incontournables pour les arts asiatiques depuis des années. On considérait que Paris pouvait tout à fait avoir un rôle aussi important que ces villes anglo-saxonnes. C’est grâce à la galerie Jacques Barrère que le projet s’est concrétisé en 2018. J’étais directrice de la galerie à ce moment-là, et co-fondatrice du Printemps Asiatique aux côtés d’Antoine Barrère, Olivier Valmier et Alice Jossaume.

La France dispose de très belles collections, les musées Guimet et Cernuschi en témoignent. Il y a aussi eu de très belles ventes d’art asiatique en France à partir de 2010 avec l’explosion du marché chinois, comme Aude l’a évoqué.

C’était donc le bon moment de créer cet évènement, en incluant aussi bien les galeries d’art asiatiques que les musées spécialisés, et les maisons de vente aux enchères ; afin de faire ressortir certains objets des collections pour l’occasion et surtout de fédérer autour d’un même sujet : les arts asiatiques dans leur globalité. 

Depuis que Christophe Hioco a repris le Printemps Asiatique l’année dernière, l'événement a pris une dimension toute autre, et l’ambition est d’en faire un événement international. Par ailleurs, avec le Brexit, pas mal de galeries internationales sont venues s’installer à Paris, ainsi que la foire d’Art Basel, Paris +. Tous ces changements sont des indicateurs du dynamisme du marché de l’art parisien. Le Printemps Asiatique ne peut que se développer et trouver un succès grandissant.

Qu’est-ce qui fait la spécificité de la Galerie Louis & Sack ?

R: Nous sommes spécialisées sur deux sujets précis: la peinture japonaise après-guerre, et l’art coréen contemporain. 

L’autre spécificité de la galerie est son cadre : on est en appartement. Nous proposons des accrochages sur-mesure, préparés pour nos collectionneurs. Il est plus facile d’imaginer les œuvres chez soi. On privilégie l’expérience dans un lieu qui est assez exceptionnel. La cour de Rohan est l’une des plus belles cours du 6ème arrondissement ! C'est un lieu historique assez magique. Je pense que l’expérience d’arriver dans un lieu apaisant, hors du temps, correspond bien aux artistes que l’on présente. C’est une peinture à la fois très dynamique mêlant geste et matière, mais qui reste contemplative. 

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A: On fait aussi découvrir un segment de l’abstraction des années cinquante peu connu et sur lequel on emmène des collectionneurs qui sont déjà intéressés par ces années-là, mais plutôt par des artistes européens ou américains comme Georges Mathieu, Sam Francis, Franz Kline, ou Henri Michaux. On leur propose des artistes d’une grande qualité, mais moins connus, donc plus abordables aussi. C’est cet aspect de découverte auquel les collectionneurs adhèrent.

Comment définiriez-vous la peinture japonaise de la Nouvelle École de Paris ?

A : Ce sont des artistes qui ont quitté leur pays juste après la guerre pour venir à Paris, véritable capitale des arts à cette époque-là. Ils sont venus se mélanger aux mouvements d’avant garde : l’art informel, l’abstraction lyrique et l’expressionnisme abstrait. Il s’en dégage un art très singulier. En effet, on retrouve dans l’esthétique leurs racines asiatiques dans la gestuelle calligraphique et la matière, nourries de ce qu’ils apprenaient dans les ateliers et académies parisiennes. Leur art est aussi marqué par leurs échanges avec les critiques d’art de l’époque comme Pierre Restany, Michel Tapié ou Michel Ragon.

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R : L’abstraction au Japon est arrivée finalement assez tard. En effet, les artistes ont été dans leur formation abreuvé d’images surréalistes et impressionnistes, et ont vraiment découvert une forme d’abstraction très proche de leur sensibilité en arrivant à Paris. Nous travaillons d’ailleurs avec plusieurs historiens de l’art sur une publication à propos de ces artistes japonais, dont la sortie est prévue pour la fin de l’année 2023. Ce sera donc une première base pour faire découvrir leur travail, et l’impact de leurs échanges avec les artistes occidentaux de l’époque.

Avez-vous un objet phare ?

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 Akira Kito (1925 - 1994),

Diadème, 1960,

Gouache sur papier,

Signé en bas à gauche, titré et daté au verso, Dimensions: 24,8 x 15,5 cm

R : Des objets phares oui. Plus qu'un objet particulier, c'est le dialogue qu’on aime entre les œuvres. Les artistes que l’on sélectionne répondent toujours esthétiquement à ce qu’on a déjà à la galerie. Il y a un fil.

Pourrions-nous en savoir plus sur les objets présentés lors de la prochaine édition du Printemps Asiatique ?

Pour cette nouvelle édition du Printemps Asiatique, on va se concentrer sur des artistes japonais avec quelques petites surprises qui correspondront à cette idée de dialogue et de fil.

 

Les Céramiques de Seungho Yang

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A: Suengho Yang est un céramiste très connu en Corée. Il travaille entre la Corée et la France avec un atelier dans chacun de ces pays. Sa spécialité c’est la cuisson «Tongkama», au four à bois. C’est une technique ancestrale coréenne qui consiste à cuire pendant à peu près 3 semaines, avec une maîtrise de la température très particulière. Seungho Yang est un artiste que l’on présente depuis l’ouverture de la galerie. C’est une petite production toujours très attendue avec deux cuissons par an desquelles sortent assez peu de pièces.

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R: Seungho Yang est très apprécié, les gens voient toujours quelque chose dans son œuvre grâce à l’aspect très organique, très terrien de ses formes. On a l’impression que les pièces sortent d’un cratère.

Seungho Yang (b.1955),

To Be or Not To Be, 2022,

Céramique, cuisson Tongkama,

Dimensions:  35 x 36,5 x 19 cm

Les peintures d’Hisao Domoto

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R: Hisao Domoto est l’un de nos artistes japonais phares des années 50. Il a fait également partie du mouvement Gutai au Japon. C’est un artiste avec plusieurs périodes très intéressantes. On se concentre surtout sur les années 50-60 qui sont assez calligraphiques. C’est une œuvre très pure, abstraite avec une véritable fulgurance dans la gestuelle.

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A: Domoto fait partie des trois artistes japonais sur lesquels on se concentre avec Toshimistu Imai et Key Sato. Ce sont trois artistes majeurs dans nos recherches.

Hisao Domoto (1928 - 2003),

Encre sur papier, 1958,

Signé et daté en bas à droite,

Dimensions: 45 x 55 cm,

Provenance :Galerie Stadler

Quelle œuvre rêveriez-vous de présenter ?

A: L’œuvre de Fabienne Verdier qui est absolument extraordinaire. C’est une artiste-peintre française qui a une maîtrise profonde des techniques de calligraphie chinoise, tout en ayant un style unique très reconnaissable. Elle a réussi une synthèse assez rare, et il y aurait un très beau pont à faire avec les artistes japonais et coréens.


R: C’est une sorte de synthèse inversée car Fabienne Verdier est partie toute seule en Chine à 20 ans. Son parcours est incroyable. C’est une des seules occidentales qui est considérée comme une véritable calligraphe par les chinois.

Le lieu culturel qui vous inspire ?

A : Le musée Soulages de Rodez, qui a une programmation de grande qualité. Bien sur les musées Guimet et Cernuschi pour la beauté des lieux et des collections, mais également pour le dynamisme de leur engagement dans l’art contemporain asiatique. 

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R: La fondation Carmignac à Porquerolles est un site exceptionnel, et également dans le sud de la France, la toute nouvelle fondation Lee Ufan à Arles dans le très bel Hôtel de Vernon, est un lieu inspirant.

L’ouvrage qui vous inspire ?

R: L’Éloge de l’ombre de Junichirô Tanizaki, découvert en Chine il y a 15 ans et qui ne m’a jamais quitté. 

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A: J’aime beaucoup les biographies de grands marchands d’art. Monsieur Loo - Le roman d'un marchand d'art asiatique, de Géraldine Lenain, était passionnant.

 

Plus d’informations : 

Galerie Louis & Sack

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