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A découvrir au Musée Cernuschi :Peintures et céramique en dialogue, autour des collections chinoises et japonaises, léguées par Harley H. Preston

Watanabe Seitei (1851-1918), Les douze mois : onzième mois, entre 1900 et 1918, Japon, Encre et couleurs sur soie, 115 x 40 cm, Achat 2019, © Paris Musées / Musée Cernuschi

Du 14 avril au 30 juillet 2023, le musée Cernuschi présente une exposition inédite de céramiques et de peintures chinoises et japonaises, en hommage à l’historien de l’art et collectionneur Harley Preston.

Le parcours, constitué de deux sections, propose un dialogue entre d’une part les céramiques Song et la peinture du XXe siècle pour la Chine, et d’autre part la peinture Nihonga et la céramique Mingei pour le Japon.

 

Le legs Harley Hall Preston

En 2018, Harley Hall Preston (1940-2015), historien de l’art et collectionneur, a légué près de 200 objets au musée Cernuschi. Parmi d’autres centres d’intérêts, comme le dessin européen ou l’art de l’éventail, il avait constitué une collection d’art asiatique principalement consacrée à la céramique chinoise de la dynastie Song (960-1279), à la céramique japonaise du mouvement Mingei ainsi qu’à la peinture chinoise du XXe siècle.

D’autres acquisitions récentes complètent cette contribution majeure à l’enrichissement des collections du musée et seront présentées dans cette exposition, comme les estampes Shinhanga du legs Paul Tavernier ou encore la magnifique série de peintures représentant les douze mois de Watanabe Seitei, acquise par la Ville de Paris pour accompagner la rénovation du parcours des collections permanentes inauguré en 2020.

Pourriez-vous décrire votre rôle en tant que directeur du musée départemental des arts asiatiques à Nice? Comment prépare-t-on une telle exposition ?

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L’Asie sans réserve, c’est une réponse à une question que l’on nous pose presque tous les jours au musée : qu’avez-vous dans les réserves ? Dans l’opinion commune, on y cache des trésors alors qu’en réalité, les musées exposent au maximum leurs chefs-d’œuvre pour se montrer le plus attractif possible. Néanmoins, les réserves relèvent effectivement des œuvres extraordinaires que les équipes de conservation retirent des espaces d’exposition en raison de leur fragilité. Les textiles et les arts graphiques ne s’exposent que trois à quatre mois d’affilée à 50 lux et sont ensuite mises au repos pendant trois à quatre ans. Ces œuvres ne se régénèrent pas, bien sûr, mais cette règle permet de les faire durer le plus longtemps possible. Les réserves du musée départemental des arts asiatiques ont donc été le point de départ de ce projet, qui a d’autant plus de sens cette année en raison du 25ème anniversaire de l’institution. Et par extension, mon intérêt s’est porté sur les œuvres asiatiques conservées dans les réserves d’autres musées du territoire des Alpes-Maritimes pour montrer que l’histoire du patrimoine local comprend également une part d’Asie, dans des lieux auxquels on ne s’y attend pas. Sept institutions, dont l’université Côte d’Azur, le musée Matisse ou encore le château de la Napoule, ont participé à ce projet.  

 

Les objectifs de cette exposition sont nombreux : partager les enjeux de la conservation dans un musée, montrer qu’une collection vit grâce aux acquisitions, suivre les évolutions sur 25 ans de la collection du musée départemental des arts asiatiques, faire du musée un acteur de la valorisation des arts asiatiques dans le sud de la France, aider les musées partenaires à identifier leurs œuvres asiatiques, lancer une baisse du bilan carbone de la programmation d’expositions du musée (90% de la scénographie est récupérée). Cette exposition est riche en enjeux et constitue le premier volume d’une série d’expositions qui vont explorer les collections asiatiques présentes sur le territoire.

Bol à thé, Dynastie Yuan (1279-1368), Chine du Nord, fours du groupe Cizhou, Grès revêtu d’une couverte noire animée de stries rouille, H.7,2 cm ; D.6,5 cm, Legs Harley Hall Preston 2018 ©, Paris Musées / Musée Cernuschi

PREMIÈRE PARTIE : Autour des collections chinoises

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Les Song, un âge d’or de la céramique chinoise

Le legs Preston compte près d’une soixantaine de céramiques chinoises, dont la datation s’étale du Ve au XIXe siècle. Il constitue la plus importante acquisition du musée Cernuschi dans ce domaine depuis les années 1970.

Sous les Song, la céramique connaît un véritable âge d’or. Le perfectionnement des fours autorise une production d’une qualité unique à cette époque. La multiplication des centres de production aboutit à une richesse inégalée des couleurs, des formes et des types de décors dont témoigne la collection Preston.

La plupart des principaux types de céramique y sont en effet représentés : grès à couverte céladon de Yue et de Yaozhou, grès à couverte de type Jun, porcelaines qingbai du Jiangxi, grès à couverte sombre de Jian et de Jizhou, grès Cizhou de Chine du Nord.

Les genres du paysage et de la peinture de fleurs et oiseaux au XXe siècle

Le legs Preston comprend un ensemble de peintures chinoises réalisées par 24 artistes entre les années 1960 et les années 1990. Ce fonds est consacré à deux genres : le paysage ou les fleurs et oiseaux. Il regroupe près de trois générations d’artistes, nés pour la plupart entre 1900 et 1950. Il contient ainsi des œuvres de la main d’artistes comme Wang Yachen (1893-1983) ou Xie Zhiguang (1900-1970), qui se sont fait connaître pendant la première moitié du XXe siècle.

Parallèlement il compte de nombreuses œuvres d’artistes plus jeunes, dont l’activité est marquée par les expérimentations qui caractérisent les années 1980 et 1990. Certains reformulent la peinture de paysage au moyen de lignes naïves et de compositions déstructurées ou minimalistes, qui tranchent avec le rendu héroïque qui caractérisait majoritairement ce type de sujet pendant les années 1950 et 1960. De nombreux peintres s’efforcent également de renouveler le genre des fleurs et oiseaux, en s’appuyant sur l’œuvre des maîtres du début du siècle. L’usage généreux des lavis et la palette élargie caractérisent ce nouvel âge de la peinture à l’encre.

DEUXIÈME PARTIE : Autour des collections japonaises

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La peinture Nihonga et les estampes Shinhanga

Forgé à la fin du XIXe siècle, le terme Nihonga (« peinture japonaise ») désigne un mouvement pictural de style traditionnel, né en opposition de celui du Yoga, qui repose

sur un choix de thèmes et de techniques issus du modèle occidental.

Le style du Nihonga est caractérisé par l’emploi de matériaux spécifiques et de procédés techniques, qui ont évolué pendant plus de mille ans. Les peintres japonais continuent à les appliquer aujourd’hui, parfois de manière très personnelle.

Le mouvement Shinhanga (« nouvelle estampe »), qui doit son origine à l’éditeur Watanabe Shozaburo (1885-1962), est considéré avec le Sosaku hanga (« estampe créative ») comme l’un des deux courants majeurs du XXe siècle, visant à donner un nouveau souffle à l’art de la gravure japonaise. Ce dernier avait, à la fin du XIXe siècle, traversé une crise sans précédent.

 

Le mouvement Mingei

Le mouvement Mingei (Mingei undo), fondé par le philosophe, écrivain et collectionneur Yanagi Soetsu (1889-1961), a redonné une nouvelle dimension à l’artisanat populaire japonais au début du XXe siècle.

Le terme Mingei (de minshu, « peuple », et kogei, « artisanat »), forgé par Yanagi et les potiers Kawai Kanjiro (1890-1966) et Hamada Shoji (1894-1978), est à l’origine de ce mouvement, qui a mis à l’honneur la beauté des objets modestes et solides du quotidien, réalisés par des artisans anonymes.


 

INFORMATIONS PRATIQUES

Musée Cernuschi

Musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris

7, avenue Vélasquez

75008 Paris

Tél. : 01 53 96 21 50

www.cernuschi.paris.fr

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