top of page
(1) portrait Camille de Foresta.jpg

Camille de Foresta, commissaire-priseur
chez Christie’s

Depuis 2016, Camille de Foresta est commissaire-priseur, spécialisée en arts d’Asie dans la très prestigieuse maison de ventes internationales Christie’s. 

 

Retour sur un parcours inspirant.

Pour commencer, pourriez-vous décrire votre parcours ? Pourquoi cette spécialisation dans les arts asiatiques ?

Je suis commissaire-priseur chez Christie’s depuis 2016 ; avant j’exerçais le même métier dans une autre grande maison de ventes internationales. Après une hypokhâgne et une khâgne, j’ai fait des études d’histoire, d’histoire de l’art et de droit, le parcours classique et obligatoire pour passer le « concours » de commissaire-priseur. 

Après plusieurs stages dans des galeries, chez des antiquaires et des maisons de ventes, j’ai fait un stage dans une grande maison internationale au département des Inventaires. C’était merveilleux car nous visitions des quantités de maisons extraordinaires, chaque jour était une chasse au trésor, chaque jour une nouvelle découverte. J’étais en contact avec tous les spécialistes de la maison et je me suis particulièrement bien entendue avec le directeur du département d’Art d’Asie. C’était le début des ventes d’art d’Asie en France, les acheteurs chinois venaient d’arriver sur le marché, les objets coulaient à flots et ce tout petit et tout jeune département avait besoin de renforts. J’y suis donc arrivée par goût de l’extrême-orient bien sûr mais sans beaucoup de connaissances dans le domaine avec comme mantra la phrase qu’on m’a répétée en m’engageant « A 20 ans on est légitime de tout ». J’ai suivi ensuite un entraînement intensif mais les métiers de l’expertise sont sans fin, on en apprend tous les jours, on peut toujours se tromper et on doit faire preuve de beaucoup d’humilité et ne jamais se reposer sur ses acquis. C’est notamment vrai pour les arts d’Asie qui brassent de nombreux pays, de nombreux matériaux et de nombreuses époques différentes.

Pouvez-vous décrire votre métier de commissaire-priseur dans une maison de vente internationale ?

Nous sommes uniquement cinq commissaires-priseurs chez Christie’s à Paris et trois sont des femmes. L’image la plus connue du commissaire-priseur : la tenue de marteau ; c’est la partie émergée de l’iceberg, c’est uniquement le jour de la vente et encore il y a de plus en plus de ventes dématérialisées… Mais notre métier quotidien consiste en la réalisation d’inventaires, répondre à des demandes d’estimations, chercher des objets, convaincre certains clients de vendre des objets, en convaincre d’autres d’en acheter.  Il nous faut décrire les objets, les dater, établir l’estimation idéale pour obtenir le meilleur résultat possible, faire des recherches d’objets comparables dans des ventes passées, des livres, des musées, des catalogues d’exposition, etc… Nous devons aussi faire des recherches sur la provenance des objets… Puis, une fois le catalogue finalisé, nous contactons les acheteurs potentiels dont nous savons qu’ils recherchent tel ou tel type d’œuvres d’art. Puis vient l’ouverture de l’exposition au public et quelques jours après le jour de la vente. Et à peine la vente passée nous sommes déjà en chasse pour trouver d’autres œuvres d’art à présenter dans nos prochaines ventes.

(3) vente Camille de foresta .jpg

Une œuvre en particulier vous a-t-elle marquée durant votre carrière ?

Plusieurs, bien sûr, mais lors de ma première vente d’art d’Asie chez Christie’s en décembre 2016 nous avons atteint plus de 23 millions d’euros pour seulement 88 lots (un chiffre porte-bonheur en plus) dont une statue de bouddha en bronze doré très exceptionnelle d’époque Liao vendue 13 millions d’euros, un record pour un bronze chinois… La salle était comble et il y a avait beaucoup d’émotion et d’excitation dans le public ce jour-là. 

Un autre souvenir impérissable est une peinture de l’artiste chinois travaillant en France SANYU (1895-1966) qu’un client m’avait apportée en 2014 ne sachant pas du tout combien ça valait et qui avait fait le record du monde pour une œuvre de l’artiste à l’époque à Hong Kong, près de 10 millions d’euros. Le tableau était partout dans la ville de Hong Kong, sur des affiches géantes, sur tous les murs du Convention Centre et en première page de tous les journaux, c’était vraiment grisant, il avait fallu faire une enquête de détective pour retracer toute l’histoire de ce tableau depuis sa première exposition en 1958. 

Un objet phare de la prochaine vente Art d’Asie chez Christie’s ?

Un cheval en jade de la dynastie Qing : très important par sa taille et la qualité de la sculpture. La vente “De Beijing à Versailles, La collection V.W.S.” de décembre 2022 a confirmé l’appétit des collectionneurs pour des jades importants. Notre vente Art d’Asie aura lieu le 14 juin 2023 et nous recherchons actuellement des objets, la clôture est prévue mi-avril.

Votre dernier coup de cœur artistique ?

Le travail exceptionnel d’un peintre contemporain qui s’appelle Leny Guetta, rien à voir avec l’art d’Asie, j’adore ses portraits mystérieux, son monde onirique qui flirte avec le surréalisme de Leonor Fini et je suis impressionnée par sa maîtrise de la peinture à l’huile. Il a observé les maîtres anciens sans relâche, en particulier Rembrandt et il peint sur des toiles anciennes.

(4) vente Camille de Foresta.jpg
(5) bouddha vente christie_s.jpg

Chine, dynastie Liao, XIe siècle, Statuette du bouddha Vairocana en bronze doré

© Christie’s France.

Une œuvre , un ouvrage qui vous inspire particulièrement ?

Comme tous les occidentaux fascinés par l’Asie et ses mystères, j'ai des livres favoris : Les derniers jours de Pékin de Pierre Loti et en particulier un passage qui décrit la magnificence et la richesse des résidences impériales chinoises sous la dynastie Qing. 

La vallée des rubis de Joseph Kessel et plus près de nous Passagère du silence de Fabienne Verdier. Rien de très original mais des textes très évocateurs. 

J’ai aussi beaucoup aimé bien sûr Le lièvre aux yeux d’ambre d’Edmund de Waal.

Avez-vous un musée favori ?

Au-delà des très bonnes expositions régulières des musées Guimet et Cernuschi, il y a des collections d’art asiatique absolument méconnues en France et l’une des missions de l’association du Printemps Asiatique est de les mieux faire connaître au public : je pense à l’extraordinaire musée d’Ennery avenue Foch qui va bientôt rouvrir, au cabinet de curiosités de l’hôtel Salomon de Rothschild qu’on peut visiter sur rendez-vous et de l’incontournable musée chinois du château de Fontainebleau qui recèle des trésors et que j’aime faire découvrir à mes clients et amis. 

Il y a aussi des collections exceptionnelles partout en France avec des conservateurs dynamiques qui les mettent en valeur : allez faire un tour du côté du musée des Arts asiatiques de Nice dont la belle exposition « L’Asie sans réserve » vient d’ouvrir et se termine le 11 juin, au musée des Beaux-Arts de Nancy où vous pourriez découvrir les collections d’art asiatique de Charles Cartier-Bresson ou encore à Lorient dont le musée de la Compagnie des Indes est un petit bijou. 

 

Prochaine vente Christie’s Art d’Asie, le mercredi 14 juin 2023 à Paris

Christie's : Art d'Asie 

 

Ouvrages:

 

Musées et expositions :

  • Musée Guimet : Découvrir

  • Musée Cernuschi : Découvrir

  • Musée d’Ennery : Découvrir

  • Cabinet de curiosités de l’hôtel Salomon de Rothschild :  Découvrir

  • Musée chinois du château de Fontainebleau : Découvrir

  • “L’Asie sans réserve”, actuellement au Musée des Arts asiatiques de Nice : Découvrir

  • Collection d’art asiatique de Charles Cartier-Bresson au Musée des Beaux-Arts de Nancy : Découvrir

  • Musée de la Compagnie des Indes de Lorient : Découvrir

     

bottom of page