Lot 116
RARE TENTURE EN BROCART DE SOIE REPRÉSENTANT LE PARADIS BOUDDHIQUE, Chine, dynastie Qing, époque Qianlong (1736-1795)
Adjugé 28 864 €
Finement tissé en fils d'or et de couleur, il représente le paradis bouddhique :
de haut en bas, le soleil et la lune, deux groupes de quatre apsaras portant des offrandes, trois bouddhas du passé, du présent et du futur (Bhaisajyaguru, Sakyamuni, Amitabha), les disciples les plus proches de Bouddha (Mahakashyapa et Ananda), et enfin les dix-huit luohan et quatre rois célestes (Si Da Tian Wang 四大天王). Une inscription Wu Liang Shou Zun Fo « Amiytayus, Bouddha de la vie éternelle » est placée dans la partie supérieure. Les bordures sont tissées d'une frise de fleurs avec des accrocs et des déchirures horizontales.
L. : 143 cm (56 ¼ in.)
L.: 70 cm (27 ½ in.)
« Sanyu, la ligne à l'oeuvre »
du 15 février au 15 juin 2025
au musée départemental des arts asiatiques de Nice
Partez à la rencontre de ce peintre à travers la centaine d'œuvres exposées au public pour la première fois !

L'exposition présente 113 dessins à l'encre, gravures et peintures à l'huile, pour la plupart inédits, et propose un dialogue avec des œuvres de Picasso, Matisse et Foujita. C'est la première exposition en France sur Sanyu depuis 21 ans, offrant une occasion unique de redécouvrir cet artiste majeur.
SANYU 常玉
- ENTRE LA CHINE ET L'EUROPE -
Sanyu est aujourd’hui reconnu comme l’un des peintres chinois les plus importants du XXe siècle. En 1966, la situation est tout autre lorsqu’il disparaît oublié de tous et sans héritiers. Les centaines de dessins retrouvés dans son atelier parisien sont mis en caisse et vendus au poids à l’Hôtel Drouot. Il faut attendre les années 1990 pour que d’importantes expositions, à Taïwan puis à Paris, permettent la redécouverte de ce peintre par le public et sa reconnaissance comme l’un des principaux représentants de la peinture chinoise moderne. Né dans le centre de la Chine, formé à la calligraphie et à la peinture à l’encre, Sanyu fait partie de la première génération d’artistes chinois à se rendre en Europe : il passe finalement presque toute sa vie à Paris.

Sanyu (1895-1966) Pivoines blanches Vers 1954 Huile sur isorel Musée Cernuschi, musée des Arts de l’Asie de la Ville de Paris
©Paris Musées, musée Cernuschi, Dist. GrandPalaisRmn image ville de Paris
LE NU POUR MODÈLE
Tout au long de sa carrière, Sanyu fait du nu féminin l’un de ses thèmes de prédilection. Le cadre que lui offre la Grande Chaumière, avec ses modèles vivants, lui permet sans doute de s’y exercer pour la première fois. Le nu est en effet absent de la tradition chinoise, qui le juge immoral. Les centaines de dessins réalisés par Sanyu affirment son rejet du conservatisme, chinois comme européen. Il développe dans son travail sur le nu des recherches sur la simplification des formes. Grâce à sa formation de calligraphe, il trace les courbes des corps humains avec une souplesse et une expressivité proprement chinoises.

Sanyu (1895-1966) Nu féminin à genoux
Années 1920-1930 Encre sur papier
Avec l'aimable autorisation de la Fondation éducative et culturelle Li Ching
LA PEINTURE DOIT AVANCER
« La peinture doit avancer. » C’est avec ces mots que Sanyu envisage son rôle et celui de ces contemporains dans l’évolution de l’art. Attiré à Paris par le bouillonnement artistique des avant-gardes, il reste fidèle toute sa vie à cette volonté d’innovation. Désireux de réinventer les formes, il procède par répétitions successives pour simplifier les motifs, traçant parfois de son pinceau la même pose plusieurs dizaines de fois. Les déformations des corps, les points de vue inhabituels et les gros plans participent eux-aussi de sa volonté d’élaborer un art nouveau, en se détachant à la fois de l’imitation occidentale du réel et du vocabulaire codifié de la peinture chinoise.

Sanyu (1895-1966) Léopard
Années 1930 Linogravure sur papier Fondation éducative et culturelle Li Ching Avec l'aimable autorisation de la Fondation éducative et culturelle Li Ching
LE MATISSE CHINOIS ?
Sanyu a souvent été désigné comme le "Matisse chinois". Les deux artistes partagent un certain nombre de caractéristiques formelles. Leur manière de dessiner se fonde sur un goût pour les courbes et un rejet de la profondeur au profit d’une simplification à l’extrême des formes. Rien n’indique cependant que les deux hommes se soient rencontrés. Ces similitudes tiennent peut-être en partie à une culture visuelle partagée. Matisse, qui a déclaré « La révélation m’est venue de l’Orient », a regardé l’art asiatique. Ses collections comprenaient des objets venus d’Asie, et certaines de ses théories ne sont pas étrangères à la conception chinoise de la peinture.


Sanyu (1895-1966) Nu assis, les jambes croisées.
Années 1920-1930. Encre sur papier. Gauchet Art Asiatique ©Yann Girault
Sanyu (1895-1966) Portrait de femme
Années 1920-1930 Encre sur papier , Gauchet Art Asiatique
©Thomas Fontaine Adagp, Paris, 2025
Retour sur les étapes marquantes de son parcours artistique
LA GRAND CHAUMIÈRE
Sanyu s’inscrit à l’École des beaux-arts de Paris en 1921. Il quitte très vite cette institution dont l’enseignement lui semble trop classique e*t rigide. Le jeune homme choisit de se rendre à l’Académie de la Grande Chaumière. Cet atelier privé de Montparnasse propose aux artistes de dessiner des modèles vivants en explorant librement leur inspiration et les techniques. Tantôt au crayon, tantôt à l’encre et au pinceau chinois, Sanyu dessine des centaines de personnages, aussi bien les modèles nus qui posent devant lui que les autres artistes au travail.

L’ÉCOLE DE PARIS
Face à la peinture officielle de l’École des beaux-arts, le Paris de l’entre-deux guerres voit naître une scène artistique d’avant-garde, guidée par une recherche d’individualité et la volonté de renouveler la création. Qualifié d’ « École de Paris », ce réseau comprend essentiellement des artistes étrangers. Plus qu’un courant à part entière, l’expression désigne l’extraordinaire émulation qui a contribué à faire de Paris le creuset de la modernité artistique dans la première moitié du XXe siècle. Sanyu y trouve sa place aux côtés de peintres qu’il admire, comme le Japonais Foujita ou l’Espagnol Picasso. Il considère ce dernier comme un maître ayant « abattu le conservatisme ».
Sanyu (1895-1966) Portrait de femme
Années 1920-1930 Encre sur papier , Gauchet Art Asiatique ©Thomas Fontaine Adagp, Paris, 2025
MONTPARNASSE
Dans les années 1920, le quartier de Montparnasse est le cœur battant de la vie artistique parisienne. Comme les autres figures de l’École de Paris, Sanyu fréquente assidument les cafés, notamment La Coupole et Le Dôme, où il passe des heures à dessiner ses amis et les autres « montparnos », parfois sur un coin de nappe. En 1929, il fait la connaissance du collectionneur et marchand Henri-Pierre Roché, proche des artistes cubistes et surréalistes. Ce dernier, convaincu de son talent, lui achète des centaines d’œuvres afin de l’aider à se construire une notoriété. C’est sur ses conseils que Sanyu diversifie sa production en s’essayant à la gravure et à la peinture à l’huile
Commissariat :
Adrien Bossard, Conservateur du patrimoine, directeur du musée départemental des arts asiatiques à Nice
David Pujos, Conservateur du patrimoine
Plus d'informations :
Musée départemental des arts asiatiques de Nice
Entrée libre du 15 février au 15 juin 2025
📍405, Promenade des Anglais, 06200 Nice