Tenzing Asian Art
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ? Pourquoi vous êtes-vous spécialisée dans l'art himalayen ? Et vous, Chino Roncoroni ?
Iwona Tenzing : J'ai émigré de Pologne aux États-Unis en 1985. De 1988 à 2015, j'ai travaillé à la galerie Xanadu à San Francisco, où mon voyage dans l'art himalayen a commencé. En 1998, j'ai organisé ma première exposition d'art himalayen à Xanadu, au cours de laquelle j'ai rencontré mon futur mari, Norbu Tenzing Norgay. Mon mariage avec Norbu m'a permis d'établir un lien personnel avec l'Himalaya.
Mon premier voyage dans l'Himalaya a eu lieu en 2000, à l'occasion de la visite du mont Kailash, qui m'a profondément marquée. Depuis, Norbu et moi nous rendons chaque année dans le Mustang supérieur, au Népal, pour explorer sa riche culture tibétaine. En 2006, j'ai lancé Tenzing Asian Art afin de conseiller les collectionneurs privés dans leurs collections d'art himalayen. Après la fermeture de la galerie Xanadu en 2015, je me suis associée à Chino Roncoroni, un marchand estimé d'art himalayen et d'Asie centrale. Ensemble, nous gérons Tenzing Asian Art au niveau international, en servant des clients de San Francisco à Hong Kong.
Chino Franco Roncoroni : J'ai grandi dans le sud de la Suisse, où mon amour pour les antiquités a débuté. À 23 ans, j'ai déménagé à Ibiza, puis j'ai voyagé en Inde avec ma femme. Nos expériences en Inde, en particulier à Benaras, ont approfondi ma compréhension de l'art. Nous nous sommes finalement installés à Katmandou, au Népal, où j'ai effectué plus de 40 randonnées dans l'Himalaya et participé à divers projets locaux. En 2014, j'ai rencontré Iwona Tenzing, dont l'œil vif et la détermination m'ont impressionné. Nous travaillons ensemble depuis, construisant un collaboration reconnue.
Pouvez-vous décrire votre galerie et nous en dire plus sur votre domaine d'expertise ?
Tenzing Asian Art est spécialisée dans l'art himalayen ancien, avec des objets bouddhistes anciens du Cachemire, de l'Inde Pala et de l'art népalais ancien qui a été préservé au Tibet. Fondée en 2006 par Iwona Tenzing, la galerie s'est agrandie en 2015 avec la collaboration de Chino Roncoroni. L'expertise de Chino a contribué à l'enrichissement de collections remarquables dans le monde entier, y compris celles du Musée Guimet et le Metropolitan Museum of Art. Ensemble, nous avons facilité des acquisitions majeures pour des institutions telles que le Zhiguan Museum of Fine Art à Pékin et le Tsz Shan Monastery Buddhist Art Museum à Hong Kong. Nous collaborons étroitement avec les conservateurs de musées et organisons des expositions privées dans le monde entier.
Vous participez cette année au Printemps Asiatique Paris. Pouvez-vous nous dire ce que les visiteurs peuvent attendre de votre exposition ?
Nous présenterons des statues en bronze de l'Himalaya datant du IXe au XVIIIe siècle, des thangkas (peintures sur rouleau) du XIe au XVIe siècle et des objets rituels.
Pourriez-vous décrire votre rôle en tant que directeur du musée départemental des arts asiatiques à Nice? Comment prépare-t-on une telle exposition ?
L’Asie sans réserve, c’est une réponse à une question que l’on nous pose presque tous les jours au musée : qu’avez-vous dans les réserves ? Dans l’opinion commune, on y cache des trésors alors qu’en réalité, les musées exposent au maximum leurs chefs-d’œuvre pour se montrer le plus attractif possible. Néanmoins, les réserves relèvent effectivement des œuvres extraordinaires que les équipes de conservation retirent des espaces d’exposition en raison de leur fragilité. Les textiles et les arts graphiques ne s’exposent que trois à quatre mois d’affilée à 50 lux et sont ensuite mises au repos pendant trois à quatre ans. Ces œuvres ne se régénèrent pas, bien sûr, mais cette règle permet de les faire durer le plus longtemps possible. Les réserves du musée départemental des arts asiatiques ont donc été le point de départ de ce projet, qui a d’autant plus de sens cette année en raison du 25ème anniversaire de l’institution. Et par extension, mon intérêt s’est porté sur les œuvres asiatiques conservées dans les réserves d’autres musées du territoire des Alpes-Maritimes pour montrer que l’histoire du patrimoine local comprend également une part d’Asie, dans des lieux auxquels on ne s’y attend pas. Sept institutions, dont l’université Côte d’Azur, le musée Matisse ou encore le château de la Napoule, ont participé à ce projet.
Les objectifs de cette exposition sont nombreux : partager les enjeux de la conservation dans un musée, montrer qu’une collection vit grâce aux acquisitions, suivre les évolutions sur 25 ans de la collection du musée départemental des arts asiatiques, faire du musée un acteur de la valorisation des arts asiatiques dans le sud de la France, aider les musées partenaires à identifier leurs œuvres asiatiques, lancer une baisse du bilan carbone de la programmation d’expositions du musée (90% de la scénographie est récupérée). Cette exposition est riche en enjeux et constitue le premier volume d’une série d’expositions qui vont explorer les collections asiatiques présentes sur le territoire.
Détail du dieu Mahakala et de son entourage
Tibet occidental, XVe-XVIe siècle
Peinture à la détrempe et or sur tissu
107 x 90 cm
Échelle d'analyse C-14 1482-1637 (95,4 %)
Provenance :
Marché de l'art de Hong Kong, 2016
Collection privée suisse,
acquise auprès de cette dernière.
The Art Loss Register: 15045.9.CCF
Publication :
Iwona Tenzing & Chino Roncoroni, Awakening (Catalogue Tenzing Asian Art, TEFAF Maastricht 2022), cat. no. 9 (avec commentaire par Amy Heller)
Un objet phare qui sera exposé en juin ?
Nous présenterons une rare plaque chinoise en repoussé datant du VIIe au VIIIe siècle et représentant un Bouddha assis en méditation. Cette pièce exquise est comparable aux peintures rupestres de Dunhuang du début du VIIIe siècle et reflète le riche patrimoine artistique de la dynastie Tang. Ce type de plaque votive est rare. Elle a peut-être été fabriquée pour les pèlerins, qui les trouvaient sans doute plus faciles à manipuler en voyage que les sculptures en pierre ou en bronze. On trouve dans des musées japonais et des collections privées quelques plaques en repoussé de la dynastie Tang, connues sous le nom de oshidashi butsu (Bouddha en repoussé), rapportées de Chine au Japon par des pèlerins sous la dynastie Tang.
Pourriez-vous décrire votre rôle en tant que directeur du musée départemental des arts asiatiques à Nice? Comment prépare-t-on une telle exposition ?
L’Asie sans réserve, c’est une réponse à une question que l’on nous pose presque tous les jours au musée : qu’avez-vous dans les réserves ? Dans l’opinion commune, on y cache des trésors alors qu’en réalité, les musées exposent au maximum leurs chefs-d’œuvre pour se montrer le plus attractif possible. Néanmoins, les réserves relèvent effectivement des œuvres extraordinaires que les équipes de conservation retirent des espaces d’exposition en raison de leur fragilité. Les textiles et les arts graphiques ne s’exposent que trois à quatre mois d’affilée à 50 lux et sont ensuite mises au repos pendant trois à quatre ans. Ces œuvres ne se régénèrent pas, bien sûr, mais cette règle permet de les faire durer le plus longtemps possible. Les réserves du musée départemental des arts asiatiques ont donc été le point de départ de ce projet, qui a d’autant plus de sens cette année en raison du 25ème anniversaire de l’institution. Et par extension, mon intérêt s’est porté sur les œuvres asiatiques conservées dans les réserves d’autres musées du territoire des Alpes-Maritimes pour montrer que l’histoire du patrimoine local comprend également une part d’Asie, dans des lieux auxquels on ne s’y attend pas. Sept institutions, dont l’université Côte d’Azur, le musée Matisse ou encore le château de la Napoule, ont participé à ce projet.
Les objectifs de cette exposition sont nombreux : partager les enjeux de la conservation dans un musée, montrer qu’une collection vit grâce aux acquisitions, suivre les évolutions sur 25 ans de la collection du musée départemental des arts asiatiques, faire du musée un acteur de la valorisation des arts asiatiques dans le sud de la France, aider les musées partenaires à identifier leurs œuvres asiatiques, lancer une baisse du bilan carbone de la programmation d’expositions du musée (90% de la scénographie est récupérée). Cette exposition est riche en enjeux et constitue le premier volume d’une série d’expositions qui vont explorer les collections asiatiques présentes sur le territoire.
Plaque votive bouddhique
Chine, dynastie Tang, VIIe siècle.
Cuivre repoussé et doré
H. 19,2 cm
Provenance :
Marché de l'art de Hong Kong, années 1980.
Galerie Kaikodo, Honolulu,
Musée Idemitsu, Tokyo.
Christie's Hong Kong, Important Chinese Art, 2001, lot 507.
Collection privée française,
acquise auprès de cette dernière.
Certificat d'exportation de bien culturel 229284.
The Art Loss Register: 15045.21.CCF
Quels sont les projets futurs de la galerie ?
Nous exposerons à Frieze Masters à Londres en octobre 2024 et à TEFAF Maastricht en 2025.
En savoir plus :
San Francisco (Etats-Unis) et Hong Kong
Expose durant le Printemps Asiatique
Galerie Xavier Eeckhout
8 bis rue Jacques Callot, 75006 Paris
Horaires d'ouverture :
6 juin : 11 h – 16 h
7 juin : 11 h – 19 h
8 June : 11 h – 18 h
9 – 12 juin : 11 h – 19 h
13 juin : 11 h – 18 h
Pourriez-vous décrire votre rôle en tant que directeur du musée départemental des arts asiatiques à Nice? Comment prépare-t-on une telle exposition ?
L’Asie sans réserve, c’est une réponse à une question que l’on nous pose presque tous les jours au musée : qu’avez-vous dans les réserves ? Dans l’opinion commune, on y cache des trésors alors qu’en réalité, les musées exposent au maximum leurs chefs-d’œuvre pour se montrer le plus attractif possible. Néanmoins, les réserves relèvent effectivement des œuvres extraordinaires que les équipes de conservation retirent des espaces d’exposition en raison de leur fragilité. Les textiles et les arts graphiques ne s’exposent que trois à quatre mois d’affilée à 50 lux et sont ensuite mises au repos pendant trois à quatre ans. Ces œuvres ne se régénèrent pas, bien sûr, mais cette règle permet de les faire durer le plus longtemps possible. Les réserves du musée départemental des arts asiatiques ont donc été le point de départ de ce projet, qui a d’autant plus de sens cette année en raison du 25ème anniversaire de l’institution. Et par extension, mon intérêt s’est porté sur les œuvres asiatiques conservées dans les réserves d’autres musées du territoire des Alpes-Maritimes pour montrer que l’histoire du patrimoine local comprend également une part d’Asie, dans des lieux auxquels on ne s’y attend pas. Sept institutions, dont l’université Côte d’Azur, le musée Matisse ou encore le château de la Napoule, ont participé à ce projet.
Les objectifs de cette exposition sont nombreux : partager les enjeux de la conservation dans un musée, montrer qu’une collection vit grâce aux acquisitions, suivre les évolutions sur 25 ans de la collection du musée départemental des arts asiatiques, faire du musée un acteur de la valorisation des arts asiatiques dans le sud de la France, aider les musées partenaires à identifier leurs œuvres asiatiques, lancer une baisse du bilan carbone de la programmation d’expositions du musée (90% de la scénographie est récupérée). Cette exposition est riche en enjeux et constitue le premier volume d’une série d’expositions qui vont explorer les collections asiatiques présentes sur le territoire.